Pourquoi créer une marque de running éco-responsable ?
Par Olivier, le fondateur de la marque EDELI
Pourquoi lancer une nouvelle entreprise, une nouvelle marque si c’est pour dupliquer les modèles existants et pour continuer à faire comme avant ?
Quand j’ai commencé à réfléchir à la création d’une nouvelle marque dans l’univers du running, je cherchais à combiner d’un côté l’envie d’entreprendre dans un domaine passion depuis de longues années, celui du running et de l’autre la motivation de donner naissance à un nouveau projet professionnel porteur de sens.
Redonner du sens
Donner du sens quitte à se lancer dans l’entrepreneuriat et à prendre des risques, cela voulait dire clairement avoir un impact positif au global, faire preuve d’une volonté affichée de changer les choses.
J’ai travaillé longtemps pour des grandes entreprises et il est clair qu’au fil des années, la recherche de la performance économique, même si elle est clairement nécessaire, avait tellement pris le dessus qu’il était devenu clé dans mon projet entrepreneurial de redonner un sens plus large à mon activité professionnelle.
L’idée qui a germé petit-à-petit était de créer une nouvelle marque de running alliant technicité et éco-responsabilité, en associant la technicité des vêtements ET l’éco-responsabilité pour un modèle de production moins impactant pour l’environnement.
L’idée centrale était d’associer ces deux dimensions clés et d’en faire le contrat de base de la marque et une plateforme d’innovation pour le futur.
Et dans l’industrie du textile en général (qui inclut bien sûr le segment des vêtements sportifs), réduire l’impact environnemental lié à la fabrication de vêtements, ça a non seulement beaucoup de sens, mais c'est aussi urgent.
Il me semblait enfin que si un sport devait montrer l’exemple en termes d’éco-responsabilité, cela devait être la course à pied, le running sous toutes ces formes.
La course à pied et la nature : un lien presque magique
Pourquoi ?
La course à pied est le sport par excellence qui peut se pratiquer partout au contact de la nature. Il suffit de chausser ses baskets, d’enfiler short et t-shirt et c’est parti.
Si l’on a la chance d’être à la campagne, en montagne ou près d’une rivière ou d’un lac, d’une forêt ou d’un parc, la présence de la nature donne toujours une dimension bien plus vivifiante, enrichissante à la pratique de la course à pied.
Chaque sortie est souvent une grande respiration, physiquement, mentalement. La nature a un effet apaisant. Côtoyer la végétation, les animaux, profiter de lumières changeantes au gré des saisons, ce sont tout autant de plaisirs simples et accessibles que la course à pied procure.
À partir de là, il est logique quand on apprécie ce que la course à pied au contact de la nature nous apporte, de vouloir la protéger, de chercher à préserver les espaces naturels où nous aimons courir.
Comment réduire l’impact environnemental lié à la production ?
Alors comment procéder ? Quelles sont les pistes de réduction de l’impact environnemental liée à la fabrication qui sont les plus importantes ?
Ce que je partage ici, c’est un peu le cheminement que j’ai suivi pour trouver les réponses à ces questions. Ce n’est pas l’avis d’un expert mais le retour d’expérience d’un entrepreneur s’engageant dans un projet de création d’une marque de running éco-responsable par passion et par conviction.
Ce que j’ai découvert en creusant le sujet de l’impact environnemental lié à la production de vêtements sportifs, ce sont plusieurs constats clés. Ils sont liés à différents moments dans le cycle de vie d’un vêtement : de la fabrication au transport, à la vente puis à l’utilisation.
Ces constats clés m’ont amené à faire des premiers choix engageants et fondateurs pour la marque EDELI afin de réduire significativement l’impact environnemental de notre production :
- Produire en Europe pour réduire l’empreinte carbone
- Utiliser des matières recyclées pour plus de circularité
- Bannir l’utilisation de plastique dans nos emballages
- Reverser 1% de nos ventes pour protéger les espaces naturels
J’ai résumé ci-dessous chacun des constats clés qui m’ont amené aux quatre engagements fondateurs pour la marque EDELI en faveur d’une démarche résolument éco-responsable.
1er constat : L’empreinte carbone liée à la production est surtout liée au mix énergétique du pays où est fabriqué le tissu
Or l’empreinte carbone du mix énergétique peut beaucoup varier d’un pays à l’autre, et en particulier entre les pays asiatiques et les pays européens. L’empreinte carbone du mix énergétique d’un pays, c’est la mesure de la moyenne des émissions de CO2 (en kilogrammes de CO2) nécessaires pour créer de l’énergie (en Kilowatt-heure) en fonction du mix d’énergies utilisées (énergies fossiles, énergie nucléaire ou énergies renouvelables).
Voici quelques chiffres comparant par exemple l’empreinte carbone du mix énergétique en moyenne en Europe (EU 27) à celle de la Chine, un acteur clé de l’industrie du textile :
Émissions de CO2 par kilowatt-heure
Zone/Pays |
Émissions de CO2 par KwH |
Europe - EU 27 (1) |
252 grams |
Chine (2) |
531 grams |
Pourquoi une telle différence ?
Le mix énergétique est lié au poids relatif des différentes sources d’énergies. Les sources d’énergie les plus polluantes sont les énergies fossiles, ‘la pire’ étant le charbon. Or le recours au charbon en Chine dans la production d’énergie est presque 5 fois plus important qu’en Europe (poids du charbon dans le mix énergétique : 54% en Chine vs 11% en Europe).
Sur la base de ce premier constat, le premier engagement éco-responsable de la marque EDELI est de tisser et confectionner tous nos vêtements en Europe.
Et la première application concrète de cet engagement a vu le jour avec nos premiers modèles issus de la collection FREE RUNNER dont les tissus proviennent d’Italie et du Portugal. La confection de ces modèles a lieu en Moldavie pour le T-shirt Hirondelle et en Lituanie pour le short Colibri.
Ce premier engagement va à l’encontre du modèle dominant de production dans le secteur des vêtements de Running et d’Outdoor puisque 97% des vêtements de Running et d’Outdoor vendus en Europe sont fabriqués en Asie (3) surtout en Chine, à Taïwan, au Vietnam et en Corée du Sud.
Ce premier engagement de tisser et confectionner tous nos vêtements en Europe génère un surcoût significatif en termes de prix d’achat mais il permet de réduire l’empreinte carbone liée à la production (avec un mix énergétique plus favorable) et au transport (avec une production et des ventes au sein du même continent).
2ème constat : l’utilisation de fibres recyclées est encore très minoritaire dans l’industrie textile
En 2022 d’après les dernières données publiées par l’organisme Textile Exchange en décembre 2023 (4), la part des fibres synthétiques recyclées dans la production mondiale reste encore inférieure à 10% (environ 7.9% en 2022).
Par comparaison, la part de fibres vierges (non-recyclées) issues de l’industrie hydrocarbure reste très largement majoritaire avec environ 57%. Le reste provient de fibres d’origine végétale (environ 27% avec en premier le coton pour 22%), d’origine animale comme la laine (environ 2%) et à base de cellulose (environ 6%).
Alors que la pollution liée au plastique reste un des enjeux majeurs en particulier pour les océans, une accélération de l’utilisation de fibres synthétiques recyclées présente un double avantage : celui de diminuer le niveau de production annuelle de fibres synthétiques vierges (avec les enjeux associés de pollution plastique) et celui de pouvoir réutiliser des productions plastiques dans une deuxième vie de produit (comme c’est le cas avec le recyclage des bouteilles plastiques).
Dans le domaine sportif, il se trouve que le polyester, qui est la fibre la plus utilisée dans l’industrie du textile (3) avec une part d’environ 54%, est aussi une des fibres les plus adaptées aux contraintes techniques de la pratique sportive grâce en particulier à son faible pouvoir absorbant, ce qui lui permet d’évacuer facilement la transpiration, contrairement au coton par exemple.
Fort de ce deuxième constat, le deuxième engagement éco-responsable de la marque EDELI est de fabriquer nos vêtements en priorité avec des fibres recyclées.
Ce deuxième engagement a aussi été mis en œuvre tout de suite pour nos premières pièces de la collection FREE RUNNER : le T-shirt Hirondelle est fabriqué à 100% et le short Colibri à hauteur de 88% à partir de polyester recyclé issu du recyclage de bouteilles plastiques.
3ème constat : les sacs de protection des vêtements dans l’industrie textile sont encore très majoritairement des sacs plastiques
Ce troisième constat est lié à l’utilisation de sac de protection (appelé polybag) à usage unique en plastique pour protéger les vêtements lors du transport et du stockage. Or cette utilisation est un problème majeur : ‘environ 180 milliards de polybags sont produits chaque année pour l’industrie de la mode et seulement 15% sont recyclés’ (5).
L’utilisation de ces sacs plastiques est à l’origine de plusieurs problèmes : elle nécessite de nouvelles productions issues de l’exploitation du pétrole, elle génère des déchets supplémentaires et elle est liée en partie à la pollution plastique présente dans les océans.
Ce troisième constat nous a poussés à aller chercher une solution allant encore plus loin que l’utilisation de plastique recyclé pour nos sacs de protection. Pour limiter l’impact des polybags, la dimension la plus importante est en fait celle de la fin de vie de ces sacs de protection à usage unique. Comment limiter au maximum le risque de pollution plastique lié à ces sacs de protection une fois que le produit a été livré à l’acheteur final ?
C’est en cherchant une réponse à cette question que notre troisième engagement éco-responsable de la marque EDELI est né : zéro plastique dans nos emballages.
Pour atteindre cet objectif, nous avons sélectionné un sac de protection biodégradable et entièrement compostable. Il est fabriqué à partir d’amidon de pomme de terre. Il est translucide et n'est pas parfaitement transparent comme le plastique, mais cela ne l’empêche pas de remplir sa fonction clé : celle de protéger les vêtements lors du transport et du stockage tout en amenant une solution idéale à la problématique de fin de vie puisqu’il est biodégradable et entièrement compostable.
Nous avons aussi choisi une enveloppe e-commerce 100% recyclable dont les composants sont d'origine européenne et qui est produite avec des encres à base d’eau et des colles vynilliques d’origine végétale.
4ème constat : de nombreuses initiatives existent déjà pour préserver les espaces naturels; comment s'y associer ?
Au-delà de l'impact environnemental lié directement à notre production, je me suis aussi intéressé aux initiatives déjà existantes pour préserver les espaces naturels. Il me semblait clé d'associer notre marque à une initiative pertinente (liée à l'univers du running et du trail running) et bien sûr positive en termes d'impact environnemental.
J'ai donc recherché un projet concret de protection des espaces naturels pour pouvoir y associer la marque EDELI.
Une première piste était de rejoindre le programme 1% for the planet ou 1% pour la planète. C'est un réseau mondial regroupant des milliers d'entreprises et d'organisations environnementales qui travaillent ensemble pour soutenir les personnes et initiatives oeuvrant en faveur de la protection de l'environnement. Lorsqu'une société décide de rejoindre ce programme, elle s'engage à reverser 1% de ses ventes à ce programme.
Il me semblait nécessaire d'aller encore plus loin dans l'aspect concret du projet auquel nous pourrions associer notre marque. J'ai donc passé au peigne fin les organisations déjà partenaires et bénéficiaires du programme 1% for the planet en France pour trouver un projet idéal.
Je l'ai trouvé en contactant le Conservatoire des Espaces Naturels d'Auvergne et en échangeant avec eux sur le programme de protection des forêts centenaires en Auvergne dans le cadre du programme européen SYLVAE.
Ce programme vise à racheter des parcelles de forêts centenaires et à les laisser évoluer naturellement. Ce projet me semblait doublement pertinent d'abord parce qu'il vise à protéger les forêts, des espaces naturels très prisés par les runners et aussi parce qu'il est lié à notre région d'origine, la région Auvergne-Rhône-Alpes où est née notre marque EDELI.
Les forêts jouent aussi un rôle majeur dans l'équilibre climatique comme puits de carbone naturels, d'où l'importance de contribuer à leur préservation.
De ce quatrième constat est donc né notre engagement de reverser 1% de nos ventes pour préserver les espaces naturels en soutenant le Conservatoire des Espaces Naturels d'Auvergne et leur programme de conservation des forêts centenaires d'Auvergne (via l'association 1% for the planet - 1% pour la planète).
C'est par ces premiers engagements concrets que nous sommes en train de créer une nouvelle marque de running résolument éco-responsable. Ces engagements sont le début d'une aventure et d'autres viendront les compléter dans le futur.
Ils deviendront une réalité pérenne d'abord parce que nous y sommes attachés mais surtout par la construction d'une communauté de runners qui partagent cette même passion du running et cette volonté de changer les choses, de redonner du sens et de s'engager en faveur d'une démarche résolument éco-responsable.
J'espère vivement que vous en ferez partie.
Olivier
Sources
(1) www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr
(2) www.statista.com
(3) European Outdoor Group – Carbon Reduction Project case study
(4) Textile Exchange – Materials Market Report 2023
(5) Livre blanc - la mode sans plastique
1 commentaire
Partant de vos constats je soutiens votre engagement et vos démarches pour aller vers un produit éco-responsable .
Courir en portant les vêtements Edeli est donc un vrai plus !! Et qui fait sens 👍
Sportivement
Jeff
Roux
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