La grande traversée des États-Unis du sud au nord - épisode 2
Une aventure hors norme
Épisode 2 : la traversée du Colorado enneigé en plein été !
L’été dernier, Pierre-Loïc s’est lancé dans la traversée à pied des États-Unis du sud au nord en parcourant la Continental Divide Trail ou CDT. La CDT, c’est un sentier long de 4800 km qui suit la ligne de partage des eaux entre celles qui iront se déverser dans l’Océan Pacifique et celles qui finiront dans l’Océan Atlantique.
Dans ce deuxième épisode, nous retrouvons Pierre-Loïc à la frontière entre le Nouveau-Mexique et le Colorado. Pierre-Loïc vient de traverser le Nouveau-Mexique pendant 25 jours. Après être passé dans des paysages arides et semi-désertiques sous un soleil de plomb et alors qu’il s’approche du Colorado, la CDT commence à prendre de l’altitude à 2500 m et plus. Résultat : un changement radical de météo s’opère. Tout d’un coup, Pierre-Loïc se retrouve avec de la neige, beaucoup de neige sur le parcours. Son dernier campement au Nouveau-Mexique est glacial. Il y a tellement de neige qu’il a même du mal à trouver un endroit pour mettre sa tente.
De la neige, de la neige et encore de la neige
Pierre-Loïc savait depuis plusieurs semaines en échangeant avec d’autres randonneurs sur la CDT qu’il y allait avoir beaucoup de neige cette année. Il ne pensait pas toutefois qu’il y aurait de la neige quasiment tout le temps au Colorado. Avec autant de neige, une des difficultés, c’était même de voir où était le chemin. Les premiers randonneurs sur la CDT étaient passés juste 10 jours avant et ils étaient équipés de crampons et d’un piolet. À savoir que le piolet n’est pas nécessaire pour grimper. Les randonneurs l’emportent quand il y a beaucoup de neige pour l’utiliser comme sécurité s’ils se mettent à glisser sur une grande traverse enneigée. C’est le seul moyen d’enrayer une glissade vers les contrebas de la traverse.
En voyant les cumuls de neige, Pierre-Loïc décide avant de se lancer dans la traversée du Colorado de rebrousser chemin vers Santa Fe au nord du Nouveau Mexique pour s’équiper et affronter plusieurs semaines de sentiers enneigés. Il s’achète des raquettes pour pouvoir marcher dans la neige et repart pour une traversée du Colorado qui durera 32 jours. Pendant ce mois de traversée, il aura 15 jours de neige ‘intégrale’, 15 jours de neige sur le chemin du matin au soir. Les crampons se révèlent indispensables. Il alterne entre marche sur de la neige, marche sur de la neige fondue et même parfois dans de l’eau glacée quand il doit traverser des rivières. Il a les pieds mouillés presque toute la journée et la nuit, ces chaussures gèlent. Il se retrouve comme il le dit avec ‘des sabots en bois’ le matin quand il faut repartir. Il était presque impossible de les enfiler. Il apprend vite et décide de préparer des feux de camp le soir pour sécher ses chaussures. Et il les garde la nuit dans sa tente sous son pantalon de pluie pour qu’elles ne soient plus complètement congelées le matin.
Une traversée à très haute altitude
Pendant la traversée du Colorado, la CDT est à une altitude minimum de 3000 m sur une distance de 1200 km. C’est donc de la randonnée en haute-montagne. Et sur la moitié de cette distance, la CDT est même à plus de 3500m d’altitude. Et en termes d’enneigement à cette époque de l’année, cela fait une vraie différence ces 500m d’altitude supplémentaire à 3500m. En plus, le sentier est souvent en ligne de crête. Cela veut dire que les randonneurs se retrouvent très exposés au vent, à la grêle et au risque d’orage potentiel. La limite des arbres au Colorado est à environ 3600m d’altitude. Et comme le sentier est souvent à près de 4000m d’altitude, il y a de nombreux passages sans abri, où Pierre-Loïc se retrouve complètement à découvert. Il a eu de la chance, il n’y a pas eu d’éclairs qui sont tombés près de lui pendant sa traversée du Colorado, mais il a entendu que pour d’autres randonneurs, les éclairs sont parfois tombés assez près d’eux. La seule solution si un orage se profile et que les éclairs se rapprochent est de redescendre en altitude pour ne pas être complètement à découvert. Mais certaines nuits à très haute altitude, il n’y avait pas d’autre solution que de planter la tente à découvert en espérant que tout se passe bien si un orage venait à éclater en pleine nuit.
À ces altitudes là et dans ces zones reculées du Colorado, un autre enjeu était d’avoir du réseau pour rester connecté. Pierre-Loïc ayant gardé son abonnement français avec une extension internationale, il n’avait pas beaucoup d’accès au réseau et en tout cas beaucoup moins que les randonneurs américains avec des abonnements locaux. Même s’il n’avait pas accès au réseau tous les jours, en ayant téléchargé le tracé et en rechargeant son téléphone régulièrement, il pouvait s’assurer de rester sur la bonne trace pour suivre la CDT et ne pas s’éloigner du tracé. Cela demandait de pouvoir gérer son autonomie en recharge électrique sur une longue période en plus de l’autonomie en eau et en nourriture. Pour être autonome en recharge électrique, Pierre-Loïc s’est acheté avant de partir un panneau solaire qui était accroché à son sac à dos. Ça lui a permis de ne pas avoir à s’arrêter trop souvent, contrairement à d’autres randonneurs qui devaient s’arrêter surtout pour recharger leurs batteries au sens propre, et peut-être aussi au sens figuré.
Comme le sentier de la CDT se situe en haute altitude au Colorado, un autre désavantage au-delà du froid, de la neige et de l’exposition au vent et aux éléments, c’est la rareté de la faune, en tout cas de la faune visible. Pierre-Loïc a vu beaucoup de traces le matin dans la neige, des traces de coyote, de renard, peut-être même de loup mais il n’a pas aperçu ces animaux en journée. Il a quand même vu ses premiers orignaux, des cervidés de la famille des élans. L’orignal est d’ailleurs la plus grande espèce au sein de la famille des cervidés. Les orignaux ont de grands bois qui poussent chaque année au printemps et ils sont très imposants en taille. Ils peuvent peser jusqu’à 500 kg pour une femelle et 750 kg pour un mâle. Ils ont été réintroduits au Colorado, puisqu’ils avaient disparu de cet état des États-Unis. C’est maintenant une espèce protégée au Colorado.
Le passage près du parcours de la mythique Hard Rock
Pierre-Loïc est un ultra-traileur qui a couru de nombreux 100 miles aux États-Unis. Et l’une des courses de 100 miles les plus connues aux États-Unis est la Hard Rock dans le massif des San Juans. Pierre-Loïc n’y a jamais participé mais en décidant de traverser les États-Unis en suivant la CDT, il est passé à Silverton, la ville où le départ et l’arrivée de cette course mythique ont lieu. Un petit pèlerinage d’ultra-traileur et une belle escale pendant sa traversée des États-Unis. Ce passage près du fameux rocher de la Hard Rock que les Finishers embrassent par tradition après avoir bouclé le parcours, c’était presqu’un symbole de la jonction et du lien entre toutes les expériences de Pierre-Loïc comme ultra-traileur et celle nouvelle de randonneur au long cours qu’il découvrait lors de cette traversée-odyssée des États-Unis le long de la Continental Divide Trail.
Le passage au milieu d’une forêt brulée le lendemain de l’incendie.
Dernier épisode marquant pour Pierre-Loïc au Colorado, sur la fin de la traversée de cet état le lendemain de la fête nationale américaine, donc le 5 juillet, il a vu un incendie au loin avec une colonne de fumée. Il a bivouaqué et cette nuit-là, il a plu sans arrêt. Le matin, il repart et se retrouve sur le lieu de l’incendie puisque le chemin de la CDT passait exactement à cet endroit. L’incendie avait été éteint naturellement par la pluie de la nuit. Pierre-Loïc était le premier sur les lieux et il a fini par croiser plus loin une équipe de pompiers qui arrivaient par le chemin dans l’autre sens pour traiter l’incendie. Cet incendie dans un endroit du Colorado assez reculé et isolé avait très probablement une origine naturelle, à savoir la foudre d’un orage. Pierre-Loïc a traversé pendant la CDT d’autres surfaces immenses complètement brûlées, ces incendies faisant partie du cycle naturel de régénération des forêts ‘sauvages’ qu’il traversait.
Des vues à l’infini
En repensant aux paysages que Pierre-Loïc a pu observer au Colorado et en comparaison avec ceux des Alpes ou des Pyrénées, ce qui l’a le plus marqué au Colorado, ce sont les vues presqu’à l’infini de vallées et de sommets qui se succèdent à l’horizon. Une impression d’immensité absolue. Il y a moins de verticalité que dans les Alpes, mais ces successions de vallées et de sommets à perte de vue sont très impressionnantes. Comme le sentier de la CDT se trouve à haute altitude et qu’il suit la ligne de partage des eaux, Pierre-Loïc pouvait presque visualiser ce partage naturel des eaux en suivant la ligne de crête et en regardant de chaque côté de la crête. À sa gauche alors qu’il cheminait du sud au nord se trouvait le flanc ouest de la montagne et donc le côté où les eaux partent en direction de l’Océan Pacifique et à sa droite, le flanc est de la montagne où ruissellent les eaux qui partent en direction de l’Océan Atlantique. Le nom de la traversée, la Continental Divide Trail prenait visuellement tout son sens.
Au final, la traversée du Colorado aura duré 32 jours et en cumulant les 25 jours de randonnée au Nouveau Mexique, Pierre-Loïc aura quitté le Colorado presque deux mois après avoir démarré son incroyable périple à quelques mètres de la frontière mexicaine.
Lors du troisième épisode de cette aventure hors norme, nous retrouverons Pierre-Loïc alors qu’il s’apprête à passer du Colorado au Wyoming.
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