Artículo: La grande traversée des États-Unis du sud au nord - épisode 1
La grande traversée des États-Unis du sud au nord - épisode 1
Par Olivier, le fondateur de la marque EDELI
UNE AVENTURE HORS NORME
Épisode 1: le départ et le Nouveau Mexique
Une Aventure hors norme, c'est ce qu'a vécue Pierre-Loïc cet été. Il a traversé à pied les États-Unis du sud au nord en passant par 5 États : Nouveau Mexique, Colorado, Wyoming, Idaho et Montana.
Au total, il a parcouru 4800 kilomètres pendant une randonnée-odyssée de 111 jours le long de la ligne de partage des eaux entre l'océan pacifique et l'océan atlantique. Ce trail hors norme est connu aux États-Unis sous le nom de la C.D.T. ou Continental Divide Trail.
Pourquoi un tel défi ?
La première question qui vient à l'esprit quand on pense à la distance parcourue et à une aventure de presque quatre mois dans la nature, c'est bien sûr pourquoi un tel défi. Quelles étaient les motivations de Pierre-Loïc pour se lancer dans une telle aventure ?
La première motivation que cite Pierre-Loïc, c'était en fait de prendre le temps et de s'accorder plusieurs mois pour vivre en pleine nature et réaliser une telle aventure.
Par le passé, Pierre-Loic a participé à de nombreuses courses ultra (dont des courses de 100 miles aux États-Unis). Pour chacune de ces courses, il devait s'organiser pour les placer dans un agenda professionnel chargé et cette fois-ci, il voulait vraiment prendre son temps, non pas quelques jours mais plusieurs mois pour mener à bien son projet de traversée des États-Unis à pied.
Pierre-Loïc était aussi attiré par l'idée d'être en immersion dans une nature sauvage pendant tout le parcours, de pouvoir observer et de rencontrer la faune qui vit dans ces grands espaces et de traverser des régions marquées par la longue histoire de tribus indiennes qui y ont vécu bien avant la naissance des États-Unis.
Après de nombreuses années de pratique de l'ultra-trail, il cherchait aussi à se lancer dans une grande randonnée de longue durée, un format différent de l'ultra-trail comme les courses de 100 miles auxquelles il avait l'habitude de participer.
Comment se préparer et comment gérer eau et nourriture?
Pour Pierre-Loïc comme il le dit modestement, 'ce n'est pas un exploit surhumain' que de réaliser cette traversée. Il faut s'entraîner, c'est sûr. Il faut s'habituer à porter un sac-à-dos par exemple pendant 12 heures par jour. Mais beaucoup de hikers font la traversée à leur rythme et ils n'ont pas tous une morphologie d'ultra-trailers. La seule véritable contrainte, c'est qu'il existe une fenêtre météo pour réaliser cette grande traversée : grosso modo entre le mois d'avril et celui de septembre. En raison de la forte altitude d'une grande partie du parcours, il faut démarrer au printemps quand la neige du précédent hiver a suffisamment fondu pour dégager le chemin et avant les premières chutes de neige de la saison froide suivante au tout début de l'automne.
Après l'entraînement et la fenêtre météo, l'équipement est aussi clé pour réussir cette traversée surtout au niveau du poids. C'est la chasse aux grammes pour ne pas avoir à porter des kilos en trop chaque jour pendant presque 4 mois. Les trois grands équipements sont le sac à dos, la tente et le duvet (en dehors des chaussures et des vêtements). En plus de ces grands équipements, il faut bien sûr aussi penser à la nourriture et à l'eau. Sur certaines portions de la CDT, il faut pouvoir être 100% autonome en nourriture sans possibilité de se ravitailler pendant une semaine.
Pour l'eau, heureusement il y a maintenant une appli sur mobile qui indique les points d'eau le long du parcours. L'appli est collaborative, ce qui permet d'échanger et d'informer par exemple ceux qui passeront le lendemain ou quelques jours après. Il faut bien sûr s'assurer de filtrer l'eau, le plus grand risque étant la contamination par le bétail. Sur certaines sections surtout au début, il y a même des 'trail angels' qui viennent mettre de l'eau pour les randonneurs dans des caches. Quelquefois ils laissent même une glacière avec un petit mot sympa. Pierre-Loïc a d'ailleurs rencontré une de ces familles de 'trail angels'. Ils étaient en train de remettre de l'eau et des snacks. Il a pu les remercier. Ils font partie de la légende de la C.D.T. et ils rendent tout simplement possible la traversée du Nouveau-Mexique en particulier sur les sections où il n'y a pas de source d'eau.
Pour la nourriture, la limite à emporter, c'est la capacité de portage et pour Pierre-Loïc, c'était en fait la capacité de son sac. Pour les portions où il fallait prévoir jusqu'à 7 jours d'autonomie, il ne pouvait même plus fermer son sac tellement il était plein. Et sur 7 jours d'autonomie en nourriture, il n'avait pas d'autre choix que de prendre des sachets de nourriture lyophilisée. Il n'est en effet pas conseillé de trop s'aventurer à manger des baies ou des fruits s'il y a un doute sur le type de baies ou de fruits rencontrés. Ce n'est pas vraiment le moment de se retrouver avec une intoxication alimentaire en plein milieu de la nature, potentiellement à plusieurs jours de marche du prochain village.
Une exception au régime à base de nourriture lyophilisée dont se rappelle Pierre-Loïc, c'est quand il a traversé une petite ville. Il avait prévu de s'y ravitailler mais à part deux restaurants, il n'y avait pas d'épicerie. Il a donc du demander au restaurateur de lui préparer 4 quesadillas qu'il a emportées avec lui et qui lui ont permis de faire la jointure avec la prochaine ville à deux jours de marche.
Le point de départ à quelques mètres du Mexique
Pierre-Loïc est parti le 12 mai du point le plus au sud de la CDT à quelques mètres d'un grillage qui marque la frontière entre les États-Unis et le Mexique, à plus de deux heures de la ville la plus proche.
Fin mai, au Nouveau-Mexique, les journées sont déjà très chaudes. Et dès la première journée, il rencontre une première difficulté: un soleil qui tape très fort et qui brûle... Pierre-Loïc qui n'aime pas trop mettre de la crème solaire n'a pas d'autre choix que d'en mettre tout de suite sur les jambes. La protection solaire devient tout de suite sa première priorité au royaume des cactus dans un paysage aride. Pour les pauses, c'est la chasse à l'ombre du moindre petit buisson. Souvent, la seule option, c'est de s'arrêter dans le lit à sec d'une rivière. Le lit de la rivière étant légèrement encaissé, il y a juste des petites zones d'ombres pour se protéger du soleil pendant la pause. Et des fois alors qu'il y avait juste un buisson ou un petit arbre, il fallait en plus arriver à en déloger les vaches!
Sur la première moitié du Nouveau Mexique, Pierre-Loïc a choisi de marcher en remontant le cours d'une rivière. C'est une des variantes de la CDT très appréciée et souvent choisie par les hikers. Une remontée de rivière sur 150 kilomètres avec des canyons, des belles falaises, de la végétation. Le parcours slalome constamment d'un côté de la rivière à l'autre. Pierre-Loïc se souvient avoir traversé cette rivière quelques centaines de fois en l'espace de trois jours. Les premières fois, ça rafraîchit les pieds, c'est sympa, mais à la fin 'tu en as un peu marre'. Sur certains passages, il y avait aussi du courant. Pierre-Loïc est tombé deux fois le dernier jour dans la rivière, mais heureusement le courant n'était pas assez fort pour qu'il soit emporté.
Après cette remontée de rivière, Pierre-Loïc est passé dans des paysages de Mesas (tables en espagnol), qui sont assez typiques de cette région. Les Mesas, ce sont comme des plateaux qui s'élèvent au-dessus du paysage et qui ont comme particularité d'être assez plats sur le haut, d'où l'impression d'être en face d'une grande table naturelle qui surgit au-dessus du sol. Des paysages superbes avec de très belles couleurs de roche, des nuages et quelquefois la pluie au loin et des lumières sublimes, en particulier la lumière rasante du soleil au matin.
Sur une des dernières journées au Nouveau-Mexique, Pierre-Loïc a fait une rencontre inattendue et qui aurait pu mal tourner. En fin d'après-midi alors qu'il marche depuis de nombreuses heures, il est comme il le dit dans un état un peu rêveur, dans son rythme. Et un son l'a sorti soudain de cet état un peu second. Ce son, c'est celui qu'émet le serpent à sonnettes pour signaler sa présence et impressionner les intrus. Ce son l'a d'un coup sorti de sa rêverie et il s'est arrêté juste à deux mètres du serpent. Il marchait sur un sentier étroit, un 'single track' où se trouvait le serpent à sonnettes et s'il ne s'était pas arrêté, il allait droit sur lui. Tout s'est finalement bien passé mais ça s'est joué à quelques mètres et quelques secondes. Rétrospectivement, Pierre-Loïc se félicite d'être allé visiter un petit musée à El Paso avant son départ sur la CDT. Dans ce musée, il y avait une petite vitrine avec un bouton et quand on appuie sur le bouton, on entend le bruit du serpent à sonnettes. Pierre-Loïc a appuyé plusieurs fois sur le bouton pour bien se mémoriser le son. Et il confirme: c'était bien le même son! Il faut quand même savoir qu'une morsure de serpent à sonnettes peut être mortelle. Merci au musée d'El Paso pour cette animation sonore très utile!
Sur la dernière semaine pendant la traversée du Nouveau-Mexique, le paysage a commencé à changer. Comme le dit Pierre-Loïc, 'on commence à retrouver du vert'. L'altitude est de plus en plus élevée jusqu'à 2500 mètres et même plus. Et au loin, Pierre-Loic commence à apercevoir les premiers contreforts du Colorado et des sommets enneigés. Il a même expérimenté lors de la toute dernière journée au Nouveau-Mexique un changement brutal de climat et l'apparition de la neige. Le dernier campement avant de passer la frontière entre le Nouveau-Mexique et le Colorado était glacial. Il était même difficile de trouver un endroit pour poser la tente tellement il y avait de la neige. C'est presqu'un résumé de toute la diversité de paysages, de climats, de végétations de la CDT. Même pendant la traversée d'un seul état, en l'occurence le Nouveau-Mexique, Pierre-Loïc est passé en l'espace de quelques semaines d'un environnement proche d'une fournaise en plein soleil à plus de 40 degrés et sans ombre à un climat glacial en altitude avec beaucoup de neige. Et ce n'était qu'un avant-goût de ce qui l'attendait au Colorado.
Au total, Pierre-Loïc aura mis 25 jours pour traverser le Nouveau Mexique. Pas de difficulté particulière au niveau du parcours mais deux enjeux clés qu'il a dû gérer: l'eau et le soleil, en plus d'une rencontre avec un serpent à sonnettes heureusement sans conséquence et d'une dernière nuit glaciale à près de 3000 mètres d'altitude juste avant d'entrer au Colorado.
Prochaine étape et prochain article: la traversée du Colorado (enneigé).
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